Ceux qui veulent partir et ceux qui veulent rester

Publié le par lauriane-ide

S'il y a bien une chose que je retiendrais du début de ma vie professionnelle, c'est que la vie est très souvent mal faite.

Les gens qui doivent absolument rester hospitalisés car leur état de santé le nécessite sont souvent ceux là même qui ne veulent absolument pas rester à l'hôpital !! Mais, alors question : pourquoi êtes-vous venu aux urgences ? Quant à certains autres, ils viennent avec leur valise ou leur sac de voyage comme s'ils partaient pendant 18 jours en Floride, en proclamant : "il faut m'hospitaliser" alors que rien ne le nécessite.

Cette même distinction peut se retrouver appliquée de la même manière à la mort... Beaucoup de personnes condamnées nous confient qu'ils ne veulent pas mourir, qu'il est encore trop tôt, qu'ils ont encore des choses à faire et à partager, ce qui est très poignant pour nous. A côté de ça, nous avons de très vieilles personnes (parfois plus de 100 ans) qui ne demandent qu'une chose : mourir, alors que finalement, d'un point de vue médical, ils sont dans un état de santé plutôt convenable vis à vis de leur âge...

Enfin, il y a ceux qui n'ont pas demandé à venir mais qui sont amenés contre leur gré : les alcooliques chroniques qui sont en état d'ivresse sur la voie publique (ou même parfois chez eux, et qu'on vient chercher comme si on ne pouvait pas les laisser tranquilles) et qui sont déposés aux urgences par les pompiers ou encore les forces de l'ordre comme si nous pouvions les guérir. On les garde alors pour qu'ils ne soient pas exposés aux violences de la nuit. Parfois, même, on les perfuse pour les hydrater et leur amener des vitamines, ce qui rendra moins difficile la descente du taux d'alcool dans leur sang. Mais, ces gens là, finissent souvent par arracher leur perfusion, pisser par terre, puis partir des urgences en milieu ou fin de nuit, au moment pile où nous n'avions plus les yeux sur eux. Je ne leur cours pas après en général, ce sont des adultes qui souvent ont fait des choix de vie (même s'il s'agit d'une maladie, je vous l'accorde) et qui en sont arrivés à un point tel que toute l'aide qu'on leur apporte est insuffisante. Ces patients finissent donc par partir pour s'en remettre tout de suite dans le gosier parce que le taux d'alcool dans le sang a diminué et c'est trop difficile à supporter. Ils reviendront, c'est sûr : soit très rapidement parce qu'ils auront convulsé dès leur sortie de l'hôpital à cause du manque d'alcool, crise d'une violence inouïe qui ne leur donne pas envie d'être sobre, ou alors plus tard, le lendemain ou la semaine d'après pour répéter le même schéma cité précedemment. Au bout du compte, il y a des habitués des urgences comme celui que j'ai piqué 6 fois durant le mois d'août, pour avoir 6 alcoolémies représentatives du personnages, toujours supérieures à 3g... Pourquoi ne les laisse-t-on pas tranquilles au bout d'un moment comme ceux qui sont atteints d'un cancer qu'on ne peut plus soigner et qu'on laisse mourir avec tout le confort nécessaire ?! Ces gens là sont dans une telle souffrance qu'ils ne pourront plus se soigner...

Vous comprendrez pourquoi je dis que la vie est souvent mal faite, entre ceux qui veulent partir et ceux qui veulent rester, on ne sait plus parfois ce qu'on doit faire des gens !

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